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Le demodex, un étrange animal

Le Demodex est aussi appelé "mite du visage" ou "mite de la peau"

5/8/24
Le demodex, un étrange animal

Cet acarien de la famille des Demodicidae fut décrit pour la première fois en 1841 par l’anatomiste et fondateur de l’histologie moderne Jacob HENLE. Il est le seul ectoparasite présent à l’état commensal chez l’humain. Les 2 espèces les plus communes retrouvées sur notre peau sont le Demodex folliculorum localisé au sein de l’infundibulum folliculaire (dans le follicule pileux) et le Demodex Brevis qui parasite davantage les glandes sébacées et les glandes de Meibomius.

Les acariens adultes Demodex folliculorum mesurent de 0,3 à 0,4 mm de long et les Demodex Brevis sont légèrement plus courts, leur taille étant évaluée de 0,15 à 0,2 mm de long. Les femelles sont plus petites et plus rondes que les mâles. Invisible à l’œil nu, l’utilisation d’un microscope est nécessaire si l'on souhaite l'observer de plus près : il présente un corps allongé semi-transparent qui se compose de deux segments fusionnés. Huit pattes courtes et segmentées sont attachées au premier segment du corps. Les huit pattes de cet acarien se déplacent à une vitesse de 8 à 16 mm/h et cela se fait principalement pendant la nuit car il n’apprécie pas la lumière vive. Son corps est recouvert d’écailles pour bien s’arrimer au follicule pileux et il possède des pièces buccales en forme d’épingle qui lui permettent de manger les cellules de la peau, les hormones et les huiles (sébum) accumulées dans les follicules pileux. Les acariens Demodex mâles et femelles ont une ouverture génitale et la fécondation est interne. Après l’accouplement les œufs sont pondus à l’intérieur des follicules pileux ou des glandes sébacées. Les larves à six pattes éclosent après 3-4 jours. Elles seront adultes en 7 jours environ.

Affublé du sympathique surnom de « mite du visage » ou « mite de la peau » et bien qu’il puisse être retrouvé sur toutes les zones de la peau, ce parasite a une forte prédilection pour le visage, une zone particulièrement riche en glandes sébacées et donc en sébum dont il est très friand. Fort heureusement, dans des conditions normales, ce parasite à qui nous offrons le gite et le couvert ne pose aucun problème et ne déclenche de la part de notre organisme aucune réaction immunitaire ou inflammatoire.

Toutefois, il peut parfois devenir pathogène en proliférant et pénétrant au sein du derme, ce qui peut induire un état pathologique plus connu sous le nom de démodécie (ou démodicidose, ou encore démodécidose).

=> Un diagnostic de démodécie ou d’infestation par Demodex est envisagé lorsque des signes/symptômes cliniques apparaissent et lorsque plus de 5 acariens/cm2 sont présents ou lorsqu’ils pénètrent dans le derme.

Notons que la démodécie peut être cliniquement confondue avec certaines dermatoses courantes, telles que (par exemple) la rosacée ou encore la dermatite péri-orale. Le diagnostic différenciel est d’autant plus difficile à poser que le Demodex peut parasiter ces dermatoses, en particulier sous l’effet de certains traitements.

Pathogénèse : normalement notre système immunitaire maitrise de manière efficace la prolifération du demodex en contrôlant leur nombre sans induire de réaction inflammatoire ou de symptômes cliniques. Mais cet équilibre est également fonction de l’état du microenvironnement dans lequel ils vivent, c’est-à-dire de notre peau.

Qui peut être perturbé par différents facteurs :

- Une augmentation du pH (rappelons que le pH de la peau est acide)

- Des niveaux d’hydratation insuffisants

- Une composition anormale en acides gras de la couche lipidique de la surface de la peau

- Une présence trop importante de la levure Malassezia ou de Propionibacterium acnes qui peut modifier les composants du sébum dans le follicule pileux et donc influencer la prolifération de l’acarien demodex

- Une altération de la barrière cutanée

- L’utilisation prolongée de stéroïdes topiques sur le visage

L’infestation par demodex peut se présenter sous différentes formes :

·  De type rosacée avec une peau érythémateuse, sèche, qui démange et brûlante avec des lésions papulopustuleuses touchant le visage de patients atteints ou non de rosacée préexistante

·  De type folliculite avec la présence de pustules folliculaires localisées imitant cliniquement l’acné ou la folliculite

·  De type dermite péri-orale avec apparition de lésions papulopustuleuses touchant la région autour de la bouche

·  De type Pityriasis folliculorum qui se manifeste par une tache érythémateuse, une peau sèche et rugueuse

·  De type dermatite séborrhéique

La démodécie peut également se manifester par des symptômes faciaux non spécifiques tels que des démangeaisons inexpliquées, une peau sèche et inégale, hypersensible, des lésions papulopustuleuses et nodulaires non spécifiques. Tous ces symptômes se sont avérés fortement associés à une prolifération anormale des acariens Demodex.

En cas de démodécie, il sera important d’envisager une prise en charge globale, c’est-à-dire chercher la cause du déséquilibre et mettre en place une stratégie de prise en charge adaptée à votre situation.

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Source images : Pubmed DOI : 10.4103/0019-5154.123498

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