« Ne sous-estimez pas les petits adversaires, un lion se voit, pas un virus »
Auteur anonyme
Un virus est une entité biologique, se situant entre le vivant et le non vivant (la question fait toujours débat), contenant une pièce maîtresse, un capital génétique (ADN ou ARN), protégé par une capside (des protéines). Certains peuvent être en plus recouverts de lipides (du gras), constituant ce que l’on nomme une enveloppe virale. La particularité du virus est qu’il ne dispose pas des compétences nécessaires pour assurer sa reproduction, il dépend de ce fait, totalement d’Êtres réellement vivants pour assurer sa survie.
Autres spécificités des virus :
Origine :
Bien que l’on considère que les virus sont très anciens, leur origine demeure encore aujourd’hui un mystère. En effet, selon certains scientifiques, les virus auraient joué un rôle essentiel dans l’émergence de la vie, alors que pour d’autres le premier virus ne serait en réalité qu’une bactérie, qui aurait préféré, il y a environ 1,5 milliards d’années, prendre le chemin de la simplicité au lieu de celui de la complexité. Selon cette théorie, elle aurait tout simplement fait le choix d’économiser l’énergie nécessaire à la construction d’une cellule fonctionnelle, préférant compter sur un hôte pour réaliser cette tâche contraignante.
Le premier virus fut découvert au Pays Bas, en 1886, par le chimiste et agronome allemand, Adolf MEYER : Le virus de la mosaïque du tabac ou VMT (l’on pense que ce virus, qui rendait malade les plants de tabac, apparu tout d’abord en Amérique du Sud, au XIXème siècle, avant d’atteindre les pays d’Europe à la faveur des exportations). Bien que celui-ci l'identifia comme étant une bactérie encore inconnue, son travail fut ensuite complété par le botaniste russe, Dmitri Ivanovski en 1892, avant d'être désigné comme "poison"/ "virus" par Martinus Beijerinck, microbiologiste et botaniste, en 1898. La virologie était née.
Depuis de nombreux virus infectieux pour l’homme ont été découverts : rhinovirus des rhumes, virus de la poliomyélite, des oreillons, de la grippe, de la variole, papillomavirus du cancer du col de l’utérus, VIH…sans parler du dernier en date, le Sars-CoV-2, nous confirmant, que sa capacité à parasiter et à utiliser la machinerie cellulaire de son hôte pour prospérer s’est avéré extrêmement efficace : l’on estime qu’il existe de nos jours sur terre, dix mille milliards de milliards de milliards de virus individuels…
Comment prospère un virus ?
Pour assurer sa survie, il doit pénétrer à l’intérieur des cellules de son hôte, utilisant pour atteindre cet objectif, la faiblesse de nos cellules : les récepteurs. Il s’agit d’éléments de reconnaissance des protéines, qui recouvrent environ la moitié de la surface de nos cellules. Ces récepteurs sont essentiels car ils sont utilisés pour interagir avec l’environnement mais aussi transporter des éléments vitaux de l’extérieur vers l’intérieur et vice versa. Le virus, qui possède à la surface de sa coque, des protéines, utilise ces récepteurs pour s’y fixer, sachant qu’il ne peut se connecter, à la manière d’une clé, uniquement à la cellule qui possède une serrure (un récepteur) compatible. Une fois détectée et « harponnée » il s’en empare discrètement. Dans la majorité des cas, après avoir pris soin au préalable, de démanteler les défenses antivirus internes de la cellule, il transfère son matériel génétique dans le cœur de la cellule infectée, l’obligeant à ne plus fabriquer de substances cellulaires. Elle se transforme dès lors en véritable photocopieuse de virus !
Ensuite, il décide, soit d’utiliser sa victime en machine de réplication vivante et permanente, soit il l’épuise très rapidement, dans les huit à soixante-douze heures qui suivent sa pénétration dans la cellule. Durant ce laps de temps, les parties virales contenues dans la cellule vont s’assembler en de nouveaux virus fils, jusqu’à ce qu’elle en soit totalement remplie. A la fin de cette étape il convient de sortir : certains virus vont alors bourgeonner et « pincer » la membrane cellulaire en l’utilisant comme protection supplémentaire alors que d’autres obligent la cellule infectée à se dissoudre, elle éclate, libérant les virus fils et propageant la contagion..
Les virus pathogènes, les plus dangereux, ne disposent pas de protection complexe, mais, en revanche, ils possèdent un super pouvoir, celui de se démultiplier et de muter extrêmement rapidement, ce qui complique énormément la tâche de notre système immunitaire : il est impossible de les combattre de front.
Car à la différence d’une bactérie, les virus ne libèrent aucun déchet chimique pouvant être repéré par nos lignes de défense, ils se tapissent et agissent sournoisement à l’intérieur même des cellules infectées, laissant notre système immunitaire croire qu’il ne se passe rien. Rien d’étonnant de ce fait, que celui-ci ait développé massivement un système de défense antivirus complexe !
Cependant, bien que les virus soient une source de maladie, parfois très grave, n’oublions pas qu’ils sont aussi à l’origine de découvertes fondamentales, comme le fait que les acides nucléiques portent l’information génétique. Ils peuvent être également une source d’évolution en fournissant de nouveaux gènes à des organismes vivants, et sont fréquemment utilisés comme outils dans la recherche médicale. Car contrairement à ce que l’on peut penser, les virus peuvent aussi nous soigner : ces virus particuliers sont appelés bactériophages (des virus qui n’infectent que des bactéries), ils peuvent être utilisés pour lutter contre certaines maladies bactériennes (c’est Félix d’Hérelle qui constata le premier en 1917, que ces nouvelles entités étaient capables de détruire les bactéries, ils les utilisa notamment avec succès, en Egypte, sur 4 patients atteints de peste bubonique, puis développa en Inde un programme de traitement contre le choléra). Ils peuvent aussi vivre pacifiquement dans notre organisme comme le virus de type Herpès qui nous tient compagnie depuis notre plus tendre enfance et nous restera fidèle jusqu’au bout, car on ne guérit pas d’un Herpès. Et bien qu’il puissent se rappeler à notre bon souvenir, par l’apparition d’un bouton de fièvre par exemple, ce virus reste dans la plupart des cas parfaitement inoffensif.
En résumé, le monde des virus n’a pas fini de nous étonner :
« La virologie nous apparaît pour ce qu’elle est : une discipline de haut vol, inachevée, en révolution permanente, qui vient ridiculiser les idées simples et contredire les discours à l’emporte-pièce. En découvrir les arcanes, c’est en marge du plaisir intellectuel que cela procure, s’armer pour lutter efficacement contre l’utracrépidarianisme (capacité à s’exprimer en dehors de son domaine de compétence) ambiant ». (Postface d’Etienne KLEIN tirée du livre « La folle histoire des virus » de Tania LOUIS Docteure en biologie)